"Rien n'est joué d'avance" de Patrick Bourdet
J'ai découvert l'existence de ce livre en même temps que celle de son auteur, Patrick Bourdet - lors de la nouvelle émission de "mille et une vies" sur France 2 (un bijou d'émission soit-dit au passage, à l'image de son animateur Frédéric Lopez). Littéralement scotchée à ma télévision (ce qui est rare !) et à ma boite de kleenex, j'ai été profondément touchée par cet homme, par son histoire et par ce qu'il dégageait d'humanité et de simplicité sincère tout au long de l'émission.
Autant dire que j'avais envie de découvrir son livre au plus vite (Fayard, 2014)...
Ce livre n'est pas une autobiographie, pas davantage des mémoires, mais le récit d'un parcours improbable et douloureux, mais empli d'énergie et surtout porteur d'un message d'espoir.
Ce parcours commence à l'orphelinat à l'âge de 4 ans, après que son père se soit suicidé en ayant demandé le retrait de la garde des enfants à la mère, alcoolique. 5 ans plus tard, cette mère vient récupérer la fratrie à l'orphelinat pour leur imposer une vie de misère et de violences, d'insultes, de coups de poing, de coups de couteau sur fond d'alcoolisme, dans une cabane landaise isolée. Cet abri sans eau, ni électricité devient un lieu de terreur et de barbarie pour ces enfants, livrés à eux-mêmes.
La misère, l'indigence, la désespérance sociale, la brutalité et l'alcolisme de sa mère et de ses différents compagnons ont nourri l'enfance et l'adolescence de Patrick et de ses frère et soeur, mais il refusera de se laisser détruire...
Enfant, il parcourt les 6 km qui séparent la cabane de l'école. Adolescent, il décroche un CAP de mécanicien et dort dans des parcs.
"Ma vie a vraiment commencé un peu avant mes 16 ans. Dès que je pouvais, je fuguais. Puis a 16 ans, j'ai été placé dans une famille d’accueil qui m'a permis de me tirer d'affaires. Je m'y sentais aimé et en sécurité"
Son but : ne jamais montrer d'où il vient !
Il enchaîne les petits boulots, balayeur, ouvrier mécanicien, avant de gravir un à un tous les échelons et, à 36 ans, obtient un master en commerce HEC, fait l'université de Cleveland, puis se fait embaucher chez AREVA, jusqu'à devenir patron d'une des branches du groupe aux Etats-Unis, où il travaille, depuis 8 ans, à la mise au point d'un médicament contre le cancer.
C'est un projet innovant qu'il a découvert par lui-même : certains métaux radioactifs de l'usine dans laquelle il travaillait précédemment pourraient permettre de lutter contre le cancer... et pourraient révolutionner ce qu'on appelle la radio-immunothérapie, une thérapie ciblée très prometteuse pour combattre la maladie. Ce procédé fonctionne et est désormais en développement clinique.
A Washington, Bill Clinton lui-même a récompensé, au travers de sa fondation, son travail en matière de lutte contre le cancer.
Sa réussite, ce n'est pas d'être passé d'une enfance miséreuse, dans un cabanon en bois, avec une mère alcoolique et sans grande formation pour devenir PDG, résidant aux Etats-Unis, et concepteur d'un remède contre le cancer, mais de n'avoir jamais renoncé, d'avoir continué à apprendre et à se construire malgré l'adversité, puis d'avoir aidé les autres à s'accomplir.
Dans son livre, il défend l'idée que rien n'est joué d'avance, que tout est possible même pour les démunis. Ce témoignage bouleversant est un hymne à la vie !
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